L'Immobile

La texture du temps s’est incrémentée d’un arrière goût de l’Eternel,

Se mêlant à toutes les saveurs que l’existence déploie dans son offrande infinie :

Amers comme le fiel ou doux comme le miel, chaque mets que je goûte, l’Immobile y délivre son nectar.

La durée s’est drapée d’une voile calme, gonflée par le doux zéphyr

Qui balaye le temps de sa brise marine, légère et salée :

Nulle tempête, nulle vague scélérate, ne pourront détourner mon cap des vastes horizons divins.

Mon embarcation s’est allégée sur l’océan des sensations,

Ramenant ma perception au seul Témoin primordial.

Libéré des sirènes au chant millénaire, je n’entends qu’un Vaste Silence

Descendu du tambour universel où résonne le son unitif d’où chaque univers prend naissance.

Ma dualité s’éclipse peu à peu dans ce voyage océanique

Où ma nature animale se laisse dompter par une divine tranquillité.

Des assauts charrient parfois les profondes racines de la mémoire du temps

Où un singe tenait lieu de chef sur le fief d’une vie dévolue au désir et au territoire seuls.

Des insurrections immémoriales propagées par le limon d’une Nature insoumise

Déjouant toute volonté issue de l’Esprit, délivrent encore le mandat d’une perfection en marche,

En contraignant le Bien à sortir de son cercle limité de vertu...