Loyauté
Tes sens captifs de funestes chimères errent dans de bien sombres harems
Ton cœur variolé de plaies inguérissables n’a nul secours de l’hospice du temps
Qui égrène sa marche douloureuse au rythme de tes errances de feu follet bravache.
Dans ma solitude impériale, sur mon trône de douleur résignée,
Je contemple le bilan de nos batailles, ces corps à corps fiévreux
Que la guerre a décimé dans un cycle sans fin et perpétuel
Je me promène entre les charniers, enjambant des corps sans sépulture
Des gisants pleurent encore en murmurant des mélopées étranges
Leur complainte vrille sur les cordes de mon âme assourdie par leurs sanglots
Je ne te vois pas, mon Amour, guerrier jadis intrépide, au cœur d’airain
Seule la morsure de ton absence et la nécropole de nos joutes homériques
Me soufflent la vision de ta spectrale présence enferrée dans les limbes
Comme Orphée, je me glisse dans des cryptes profondes pour te rejoindre
Invisible, j’arpente les corridors obscurs de la Géhenne en bruissant ton nom.
Mais tu n’es pas Eurydice, la Fidèle, la subjugation des Ténèbres harponnent ton âme
Celles que l’on ne devine pas tant elles sont capiteuses, où la nuit se fait jour
Alors je me tiendrais sur cette place forte que nous avons conquis et perdu
Honorant à jamais un pacte que nos cœurs ont saigné sans oblitérer leur serment…