Indépendance
Déferlant en vagues imprévisibles, ils rythment nos vies en une énigmatique cadence.
Soudain aimés, le vent en poupe, telle une frégate poussée vers l’éclatante aurore,
Nous volons très haut vers la proie d'un triomphal essor
Au-dessus des pics inaccessibles veillés par le Condor.
Mais haïs, méprisés ou jouets de l’indifférence, tel des étoiles qui s’éteignent au firmament,
Nous subissons le joug inconstant de la faveur d’autrui comme d’éternels esclaves mendiants.
Nous mendions l’amour ou la reconnaissance, captifs des moindres lueurs de l’âtre,
Qui pourraient remplir de flamme le cercueil gelé de nos matins grisâtres.
Mais un moi plus profond attend dans l’ombre souterraine d’une crypte divine,
Rougeoyant d’un feu immortel, inaltérable, alimentée par une joie clandestine.
Quelques percées nous sont connues à travers des moments sans capture
Quand notre moi se retient de toute saisie et se donne au moment pur.
L’ébauche d’un destin moins capricieux se dessine à notre insu,
A travers nos errances agitées et nos ballottements ininterrompus.
Un être se construit sur la falaise inaltérable d’un devenir souverain
Où gloire et échec se détournent de leur sens ordinaire humain.
Ombre et lumière deviennent les sécrétions divines d’un nectar complet
Que l'âme au-dedans puise au calice d'une sage équanimité.
Ivre d’une béatitude nouvelle et permanente, une joie intacte demeure
Qui n’est plus à la merci des vagues chancelantes du plaisir et de la douleur.
L’hôte immortel et secret resplendit alors sur le sentier imputrescible de nos pas
Forgeant notre moi divin dans l’éclatante ivresse d’une liberté qui a trouvé sa joie…