Héphaïstos
Loin des sentiers funestes d’un monde en cendre
Qui hâte sa course vers des rêves chimériques.
Les âmes tièdes brûlent de ne pouvoir descendre
Te suivre sur la crête ardente du volcan embrasé
Mais en Toi brûle un Feu trop ancien !
Allumé par des dieux puissants jadis adorés
Sur les flambeaux d’un vieux temple luciférien
Qu’un prêtre avait bâti pour rédimer la terre.
Marchant tel un funambule sur la fine arrête rocheuse
Tu captures le Feu sur l’enclume de ton âme guerrière
Fouettant la matière de ta poigne orageuse !
Jetant ici-bas ton marteau de métal en fusion,
Maître adombré d’un Feu qui ne faiblit jamais,
Le génie d’Héphaïstos œuvre en toi avec passion !
Équilibrant les sacrifices et les voluptés
Tu as gagné le Ciel sans perdre la Terre
Ce que tu as perdu le Divin le redonne !
En vivant pour le Feu, Sa vigueur imbibe tes nerfs
Son crépitement écarte les complaintes monotones
D’une terre sans joie où tu danses vêtu de Sa robe de soleil.
Ton esprit resplendit des clartés d’une joie jamais éteinte
Enamourée du Dieu Unique qui en la plupart sommeille
Sous la lourde chape millénaire d’une Ignorance contrainte...
Mais en toi l’Alchimiste pénètre les racines cachées de la vie
Célébrant l’union du Haut et du Bas que les siècles ont séparés
Par des anciens dogmes qui par lâcheté les ont désunis…
Loin de l’anathème lancé par les sages dormants,
Tu poursuis ta quête du rachat des forces brutes de la vie
Par des rites inconnus inspirés de plus haut que le dieu Pan !
Tu absorbes l’intensité des forces par une paix souveraine
D’où tu contemples attentif et clairvoyant leur jeu universel,
Spectacle dont l’âme se délecte lorsqu’elle libère ses chaines !
Chantre des mouvements les plus infimes de l’âme-de-vie
Ton cœur fait jaillir la musique d’un monde plus subtil
Que les âmes sans ivresse prennent pour une morne litanie…
Des notes s’échappent en flammèches d’or incantatoires
Issus du Feu Immanent qui brûle sans interruption
Sur la torche hiératique dressée pour Sa gloire !