Tu proclames Pêcheur Celui qui te permet de jouir secrètement de tes propres péchés,

Ignorant, Celui qui t’autorise à de te croire seul détenteur de la vérité divine

Impie, Celui qui te renvoie au premier rang du disciple le plus parfait

Blasphémateur, Celui dont les joutes alimentent ta victorieuse doctrine

Pauvre âme égarée, Celui qui te conforte dans ton itinéraire préconçu

Démon, Celui qui te sers à pavaner dans la robe immaculée de ton âme

Plébéien, Celui qui exalte ton sentiment de posséder les plus hautes vertus

Traitre, Celui met en exergue ta loyauté pour que tous à genoux s’y pâment

Pêcheur : N’insultes pas en retour celui qui a besoin de jouir en secret de ses propres péchés !

L’heure inéluctable viendra où il se dégoutera lui-même de l’abîme entre ce qu’il prétend et ce qu’il est.

Dieu se sert de toi, ô Pêcheur sans masque, pour dégouter la vertu de ses propres limitations

Et Dieu se sert de la pierre qui t’es lancé pour que tu cesses de te complaire dans la perdition…

Ignorant : Ne sous-estime pas celui qui a besoin de te mépriser pour se rassurer dans ses certitudes !

L’heure fatidique viendra où plus il se rapprochera de Dieu et plus il goûtera à Sa multitude

Dieu se sert de toi, ô Ignorant, pour lui rappeler que la vie est homogène dans ses contrastes infinis

Et Dieu se sert de celui qui te rabaisse pour secouer la masse grisâtre de ton inertie….

Impie : Ne blâme pas celui qui chérit ton impiété pour dorer son blason de parfait dévot !

L’heure approche où toute vanité est conduit à flétrir comme fleur au tombeau

Dieu se sert de toi, ô Impie, pour lui rappeler que le prêtre du sacrement éternel officie dans le cœur

Et Dieu se sert de celui qui excite ton dédain des rites pour te montrer ce qu’est la Ferveur…

Blasphémateur : Ne ripostes pas contre celui qui est certain d’avoir toujours raison !

L’heure est prévue où enfin la Vérité sans chapelles absorbera toutes les divisions

Dieu se sert de toi, ô Blasphémateur pour signaler au sage les angles-morts de sa connaissance

Et Dieu se sert du suffisant qui te réfute sans cesse pour éprouver ta consistance…

Pauvre âme égarée : Ne te retourne pas sur celui qui te toise avec mépris !

L’heure advient où Dieu égare toujours Ses voyageurs sur Ses sentiers infinis

Dieu se sert de toi, ô âme égarée pour avertir le pèlerin que Ses voies sont impénétrables

Et Dieu se sert du marcheur avisé pour te ramener à la nécessité d’un but stable…

Démon : Ne maudit pas celui qui t’accuse de frayer avec le diable !

L’heure de l’apocalypse révèlera combien vice et vertu sont indémaillables

Dieu se sert de toi, ô démon, pour hâter le Bien vers sa souveraine réalisation

Et Dieu se sert du prédicant pour limiter tes manœuvres de subversion…

Plébéien : Ne combats pas l’artisan d’une avanie qui cherche à te dévaloriser !

L’heure est venue de reconnaître la valeur des individus dans leur spécifique beauté

Dieu se sert de toi, ô Plébéien, pour élargir la reconnaissance du Noble aux rudesses de la Nature

Et Dieu se sert de l’Aristocrate pour insuffler en toi le besoin de raffiner ta stature…

Traitre : Ne te venge pas du fidèle aux principes louables mais étriqués !

L’heure énigmatique approche où la liberté absolue des êtres sera accordée

Dieu se sert de toi, ô Traitre, pour assouplir les règles que le mental éthique racornit

Et Dieu se sert du Loyaliste pour que tu trouves, enfin, la seule Loi à laquelle tu voudras être soumis….

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