Absorption

Des ondes de feu transperçaient mon corps à demi-matière
Ondoyant des micro-flammes ardentes jusqu’en les tissus invisibles.
Je me déplaçais deux-en-un sur le rayon d’une étrange frontière,...
Pénétrant l’arrière cour des événements dans l’entrelacement de deux corps indivisibles.

Dans l’immobilité de ma pensée, la prescience des Forces oeuvrant derrière le voile
Etait sentie dans un clair-obscur émergeant d'une nuit de conscience ensommeillée
Et rien ne fut plus perçu en dehors d’une Unité dont ma vue devint l’éternelle vassale.
M’ouvrant à des reliefs inconnus de l’œil humain, je vis l’extatique beauté d’un Tout unifié. 

Avançant dans la courbe d’un Espace-Temps sans repère ni fin

Je devinais l’itinéraire des puissances secrètes jouant dans l’arène cosmique

Sonnant ici-bas un décret du destin des hommes, commandité par le Dieu Souverain,
Nul homme n’avait de rang inférieur dans la grande procession du devenir alchimique. 

Désertant les grandes plaines de l’Histoire, je fus ramenée en mon territoire
Où brûlaient, dans un désert silencieux, les cierges de mon amour mi-humain mi-divin.
Tant de volutes sacrées-en-flammes s’élevaient des profondeurs vers sa trajectoire 
Vers mon amant illuminé, dans cette grande nuit terrestre dont je contemplais l’obscur déclin. 

Il marchait Conscient dans l’Invisible des mondes en arrière-plan
Ses propres pas ont allumés mes sens intérieurs comme des lampes secrètes 
Sa vision a empoigné la cible de mon regard à jamais étreinte par l’Immanent
Faisant enfler mon cœur d’une coulée dévastatrice pour les Ombres muettes. 

Dans l’ardente prière de le rejoindre, j’ai suivi les pistes cachées
Perçant l’étroite muraille des réalités caverneuses qu’emprisonnent nos sens
Et j’ai frayé un passage dans un ciel vespéral que mon amour pour lui flambait
M’immolant toute entière : c’est alors que Dieu-Cupidon me frappa de Sa lance !